Bonjour chers amis et collègues!

Ce blogue est avant tout un outil pour m'aider à porter un regard sur le monde de l'enseignement et à évoluer en tant que professionnelle de l'éducation. Tout ce que vous y trouverez a participé à façonner ma personnalité d' enseignante. Vous y verrez des paroles d'enfants, des questionnements et des pistes de réponses, des articles de journaux, mes coups de coeur en littérature jeunesse, etc.

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Ce blogue est conforme à la graphie rectifiée.


samedi 4 octobre 2008

Petits oignons



Nos élèves arrivent parfois amochés en classe. Il est parfois difficile de les inciter à se concentrer alors qu'ils vivent des moments difficiles. Daniel Pennac en parle dans son roman Chagrin d'école, (2007, éd. Gallimard). J'aime bien croire que notre rôle, mon rôle d'enseignant(e) est important pour chacun de nos élèves. Nous faisons plus que les accompagner pour l'année scolaire en cours, nous les aidons pour toute la vie. Comme le dit l'auteur de ces lignes, un geste simple fait souvent toute la différence. Voici l'extrait de Pennac en question :

«Nos «mauvais élèves» (élèves réputés sans devenir) ne viennent jamais seuls à l'école. C'est un oignon qui entre dans la classe: quelques couches de chagrin, de peur, d'inquiétude, de rancœur, de colère, d'envies inassouvies, de renoncement furieux, accumulées sur un fond de passé honteux, de présent menaçant, de futur condamné. Regardez, les voilà qui arrivent, leur corps en devenir et leur famille dans leur sac à dos. Le cours ne peut vraiment commencer qu'une fois le fardeau posé à terre et l'oignon épluché. Difficile d'expliquer cela, mais un seul regard suffit souvent, une parole bienveillante, un mot d'adulte confiant, clair et stable, pour dissoudre ces chagrins, alléger ces esprits, les installer dans un présent rigoureusement indicatif.
Naturellement le bienfait sera provisoire, l'oignon se recomposera à la sortie et sans doute faudra-t-il recommencer demain. Mais c'est cela enseigner: c'est recommencer jusqu'à notre nécessaire disparition de professeur. Si nous échouons à installer nos élèves dans l'indicatif présent de notre cours, si notre savoir et le goût de son usage ne prennent pas sur ces garçons et sur ces filles, au sens botanique du verbe, leur existence tanguera sur les fondrières d'un manque indéfini. Bien sûr nous n'aurons pas été les seuls à creuser ces galeries ou à ne pas avoir su les combler, mais ces femmes et ces hommes auront tout de même passé une ou plusieurs années de leur jeunesse, là, assis en face de nous. Et ce n'est pas rien, une année de scolarité fichue: c'est l'éternité dans un bocal.» (p.70-71)

6 commentaires:

Unknown a dit…

WoW! Tu m'incites vraiment à me procurer ce livre... merci.
C'est très inspirant... cette citation vient très bien avant le troisième stage et elle me conscientise à notre impact sur les élèves.
Merci
Marjorie

Madame Mylène a dit…

Marjorie! Ce livre est un chef-d'œuvre littéraire... je n'en suis qu'à quelque cent pages lues et, vraiment, Pennac me fait réaliser à quel point il doit être difficile d'être un élève étiqueté « cancre », comme il dit. Dans son livre, il nous fait part de sa propre expérience d'élève « désastreux », mais aussi de la façon dont il a fait transparaitre son expérience dans son enseignement. Car, s'il a pris un an à comprendre la lettre A, ses années difficiles en tant qu'élève lui ont certainement appris beaucoup en tant qu'enseignant. Je te souhaite beaucoup de plaisir en stage! Profites-en! On apprend tellement sur le vrai terrain!

Mylène

Jasmine Mirra a dit…

c'est vraiment très beau cet extrait!

Unknown a dit…

Merci beaucoup... J'en prends très bonne note et, en même temps, c'est un beau lien avec le cours de gestion de Mariette Gervais.
Au plaisir,
Marjorie

Marlène Bélanger a dit…

Et puis Mylène, as-tu terminé Pennac? Je suis environ à la moitié du livre, je suis bloquée là et je n'arrive pas à avancer à cause de mon stage... Mais je vais le terminer pendant les vacances!

As-tu d'autres commentaires à faire sur ta lecture maintenant que tu es (probablement) plus avancée?

Marlène

Marlène Bélanger a dit…

Et puis Mylène, as-tu terminé Pennac? Je suis environ à la moitié du livre, je suis bloquée là et je n'arrive pas à avancer à cause de mon stage... Mais je vais le terminer pendant les vacances!

As-tu d'autres commentaires à faire sur ta lecture maintenant que tu es (probablement) plus avancée?

Marlène