Bonjour chers amis et collègues!

Ce blogue est avant tout un outil pour m'aider à porter un regard sur le monde de l'enseignement et à évoluer en tant que professionnelle de l'éducation. Tout ce que vous y trouverez a participé à façonner ma personnalité d' enseignante. Vous y verrez des paroles d'enfants, des questionnements et des pistes de réponses, des articles de journaux, mes coups de coeur en littérature jeunesse, etc.

La meilleure façon de me découvrir est en parcourant les différents dossiers qui vous intéressent. Surtout, laissez-moi vos commentaires!

Ce blogue est conforme à la graphie rectifiée.


mardi 23 septembre 2008

Apprendre à lire



Apprendre à lire est un processus long et difficile. Certains enfants apprennent très rapidement, d'autres plus lentement ou encore très péniblement. C'est difficile de se mettre dans leur peau. Cet exercice de Robert Ciesielski, un des mes anciens professeurs de l'UQAM, le démontre bien. Croyez-le ou non, c'est du français, mais avec tout un autre code d'écriture. Il nous avait fait faire l'exercice et, vraiment, c'est carrément frustrant pour ceux qui ne réussissent pas aussi vite que les autres. On a vite découvert comment pouvait se sentir un enfant qui apprend à lire. C'est certain que je vais faire faire l'exercice aux parents de mes futurs élèves de première année, afin qu'ils se mettent dans les bottines de leur petit.

Vous voulez vous essayer?

Dialogue entre une mère et sa fille

Ma nièce fait ses premiers pas en résolution de problèmes. Sa mère veut l'entrainer, alors, elle lui pose des questions :

Marie-Eve : « Catherie, écoute bien. Maman fait trois tartes. Stéphane en mange deux. Combien il en reste?

Catherine, songeuse : “mmmm.... Elles sont à quoi les tartes? »

Autre petit problème... ils ont un petit jardin à la maison et, cet été, les légumes ont merveilleusement poussés.

Marie-Eve demande : « Catherine, on a 3 concombres dans le jardin et 2 carottes. Ça fait combien de légumes en tout? »

Catherine: « 18. »

Marie-Eve: « Ben, voyons Catherine, c'est bien trop! »

Catherine: « Oui, mais maman... ça pousse vite des légumes! »


jeudi 18 septembre 2008

La création d'un ordre professionnel, pour ou contre?

La création d'un ordre professionnel pour les enseignants est une question très présente dans l'actualité québécoise et d'avis partagés. De temps en temps, sur les bancs d'école de l'université, on nous glisse des fragments d'information. Malgré tout, cette question n'est que très peu abordée par nos professeurs universitaires. Un tabou? C'est vrai qu'il est difficile de prendre parti, mais cet article paru en décembre 1997 dans le Devoir et de la plume d'un professeur à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal, Claude Lessard, exprime bien mon petit préjugé favorable envers cette question. Quoi qu'il en soit, je vous invite à lire cet article, bien que mon opinion ne soit toujours pas arrêtée sur le sujet.

UNE QUESTION D'IDENTITÉ

«Le printemps dernier, une demande de création d'un ordre professionnel pour les enseignants a été déposée auprès de l'Office des Professions du Québec. Cette initiative est le fait du Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec. Au Canada, la Colombie-Britannique a depuis quelques années un College of Teachers et l'Ontario s'est dotée, il y a un peu plus d'un an, d'un ordre d'enseignants. Au Québec, cette idée a été notamment mise de l'avant à l'occasion des États Généraux sur l'éducation et fut expédiée, on ne sait trop pourquoi, en une phrase par le Rapport de la Commission.

Pourtant, les sondages du CPIQ indiquent qu'une majorité d'enseignants est favorable à un tel organisme. Ceux qui s'y opposent affirment que les enseignants se sont prononcés sans trop savoir de quoi il en retournait. C'est possible, le débat ne faisant que commencer et l'information circulant à ce sujet n'étant pas toujours complète. On peut aussi penser que les enseignants ne voient pas de conflit entre leur appartenance syndicale et leur éventuel membership à un ordre. Ils réagiraient alors comme la plupart des professionnels du Québec, à la fois syndiqués et membre d'un ordre.

Je suis pour un ordre professionnel, à la condition qu'il soit sous le contrôle des enseignants. Pour moi, c'est une question d'identité, d'appartenance et de reconnaissance.

Une question d'identité, d'abord. Enseigner est un acte professionnel d'une grande complexité et, dans certaines circonstances, d'une réelle difficulté. Il suppose la mobilisation d'un vaste répertoire de connaissances et de savoir-faire diversifié qui, quoiqu'on dise, n'est pas à la portée de tout un chacun et exige que l'enseignant soit une sorte de chef d'orchestre capable de s'adapter aux caractéristiques des élèves et de la situation. Enseigner, c'est aussi exercer un jugement sophistiqué sur les besoins de chaque élève, son potentiel, son cheminement, ses acquis. Ce jugement n'est pas et ne doit pas être arbitraire, mais informé par l'état des connaissances dans le domaine. Enseigner exige une habileté à lire rapidement des situations complexes et mouvantes, fixer une ligne de conduite, agir et mobiliser le élèves, tout en s'ajustant constamment à leurs actions. C'est un métier de l'action qui doit se réguler par la réflexion: il faut y être constamment en éveil, faire "travailler ses méninges" et raisonner, et utiliser et inventer des trésors d'astuces, de ruse, de créativité et d'imagination.

Certes, faire apprendre les jeunes et leur faire aimer apprendre est passionnant, exigeant une forte dose d'investissement personnel et un constant travail sur soi, mais ce métier repose aussi sur un ensemble de pratiques éprouvées que l'on peut identifier, reconnaître, montrer et valoriser. Entre les modèles de pratique rigides et autoritaires des manuels de pédagogie d'autrefois et le "flou artistique", il y a place, il me semble, pour un référentiel de compétences précises, sujettes cependant à une mise en contexte et à du sur mesure. Enfin, enseigner est en dernier ressort un métier "moral"; l'éthique y a sa place, parce que certaines pratiques peuvent avoir des effets dommageables et que les élèves sont dans une situation de dépendance.

Un ordre professionnel signifie que l'État confie à un groupe le mandat d'assumer cette préoccupation pour l'acte professionnel, sa qualité et ses pratiques éprouvées et sur mesure, ses fondements éthiques, et ses lieux de formation initiale et continue. Il suppose, en même temps qu'il le permet, que les praticiens désirent contrôler leur pratique et non pas uniquement ses conditions, objets de négociation. Il les responsabilise à cet égard et ce faisant, les confirme dans une identité forte.

Une question d'appartenance, ensuite. Suivant le projet déposé, serait membre de l'ordre quiconque possède un brevet d'enseignement et en a besoin pour exercer son travail: les enseignants du préscolaire, du primaire et du secondaire, les directions d'école, une partie des professionnels non-enseignants et des formateurs de maîtres se retrouveraient membres de l'ordre. Cela ne fera pas disparaître comme par enchantement les différences de perspectives, d'intérêt et de pouvoir qui séparent chacun de ses groupes, mais l'ordre créera au moins un lieu de rassemblement de tous les professionnels de l'éducation, au-delà des divisions hiérarchiques et des appartenances institutionnelles, il y a là un espoir que nous arriverons peut-être un jour, ou parfois, à dépasser les clivages employés-patrons ou théoriciens-praticiens et converger autour d'un discours et de pratiques éducatives pour le meilleur intérêt des élèves et de la société. Une sorte de troisième voie.

Une question de reconnaissance, enfin. Les enseignants se plaignent, à juste titre, d'une faible reconnaissance par la société. Comme le soulignait F. Dumont, le Québec valorise l'éducation, mais pas celles et ceux qui la font. L'ordre professionnel suppose une reconnaissance par l'État du caractère professionnel de l'enseignement; il est de nature à réconcilier les enseignants et la société en mettant de l'avant une image positive des enseignants.

Il y a là, diront certains, une image trop idéalisée du métier, trop distante des conditions réelles de formation, de pratique et de reconnaissance sociale. Peut-être, mais n'est-ce pas aussi mobilisateur?»